Pourquoi cette base de données ?

Resumé

Depuis début 2013, la Cellule de développement communautaire de la Ville d'Ottignies - Louvain-la-Neuve mène, en collaboration avec les intervenants professionnels et le soutien des élus locaux, un diagnostic en lien avec les inégalités sociales de santé.

Ces services ont rencontré des groupes d’usagers de différentes structures partenaires, mais aussi certains habitants plus isolés, peu en contact avec les institutions locales, et peu enclins à s’engager dans des dynamiques collectives. L’objectif de ces rencontres est de mieux comprendre leur perception du bien-être, de ce qui l’influence et de ce qui peut l’améliorer, et de pouvoir construire ensemble des perspectives communautaires ou collectives. A moyen terme, l’objectif est également de pouvoir relayer ces informations aux différents acteurs de la commune afin qu’ils puissent en tenir compte dans leurs actions et décisions.

Elements de contexte

Ce projet est né d’une prise de conscience de l’importance du problème des inégalités en santé au fur et à mesure des actions menées depuis quelques années à Ottignies-Louvain-la-Neuve dans le cadre des programmes impulsés par la Ministre de la santé en matière d'inégalités sociales de santé.

Les études menées en la matière convergent vers le même constat : face à la mort et face à la maladie, nous ne sommes pas égaux. La santé suit un gradient social; cela signifie que, toutes choses étant égales par ailleurs, à position socio-économique décroissante, la santé tend à se détériorer[1].

En 2013, après plusieurs années de travail communautaire dans différents quartiers d'Ottignies-Louvain-la-Neuve menées en étroite collaboration avec de nombreux partenaires issus de secteurs différents, la cellule de développement communautaire de la Ville d'Ottignies- Louvain-la-Neuve entame un diagnostic communautaire autour des inégalités sociales en matière de santé.

Objectifs

• Axe 1 : que l’ensemble des acteurs (professionnels, habitants, élus, …) aient l’occasion de préciser leurs points de vue et de prendre connaissance des enjeux en matière d’inégalité en santé et bien-être en participant à la démarche de diagnostic communautaire ; que l’ensemble des acteurs aient une perception plus globale de la santé en comprenant mieux ce qui la détermine et qu’ils soient plus conscients des ressources existantes (personnelles, du groupe, locales) pour agir sur ces déterminants.

• Axe 2 : que les habitants aient l’occasion de disposer d’une meilleure information en matière de santé et de découvrir d’autres pratiques (alimentation, mobilité, loisirs, culture, logement, …).

• Axe 3 : que les habitants aient l’occasion de s’impliquer dans des échanges et des projets collaboratifs (potagers collectifs ou autres).

• Axe transversal : que les habitants isolés aient l’occasion de renouer des liens sociaux.

Ces différents axes visent à déboucher sur de nouvelles pratiques, la mise en place d’actions collectives, des améliorations du cadre de vie, la réorientation de services, … espérant ainsi améliorer les conditions de vie des groupes sociaux vivant les situations les moins favorables, en postulant tant que faire se peut, une distribution plus égale et plus juste des déterminants sociaux de la santé.

Public

Le public concerné au premier chef par le présent programme est constitué par les personnes bénéficiant d’un statut socio-économique faible (bénéficiaires de revenus de remplacement et de petits revenus) résidant dans les quartiers de logements sociaux (la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve compte 7 quartiers de logements sociaux : 1300 logements, 3300 habitants, 2/3 de revenus de remplacement) et dans les centre-ville. Ces actions sont menées avec des groupes constitués par des personnes disposant de moins de ressources socioculturelles et socio-économiques, en collaboration avec les intervenants professionnels et élus locaux. Toutefois si par nos interventions nous ciblions seulement les plus pauvres, nous pourrions passer à côté de l’essence du problème que sont les inégalités sociales de santé et en fin de compte, ne pratiquer qu’une forme actuelle de charité. C’est pourquoi notre démarche d’action communautaire vise à mobiliser l’ensemble des acteurs.

   ( Adulte  Famille  Multiculturel  Personnes isolées  Professionnel  Public précarisé  )

Milieu de vie

• Famille - Milieu familial
• Quartier

Démarches et actions

Dans ce projet, l'action communautaire est centrale. Elle englobe les stratégies prioritaires de la charte d’Ottawa telles que la concertation et l’action intersectorielle, la participation communautaire, l’information et la formation continues, le développement des aptitudes individuelles et sociales, l’action sur le milieu de vie,…

La démarche d’action communautaire poursuivie à Ottignies-Louvain-la-Neuve en regard de ces problématiques vise à mobiliser les habitants susceptibles de vivre des situations insatisfaisantes en matière de santé et de bien-être, les professionnels de la santé, les représentants d’institutions politiques ou sociales, les enseignants et éducateurs, et plus largement, l’ensemble des citoyens.

1. Groupes de parole et d’action communautaire autour des questions santé et bien-être :

La démarche de diagnostic communautaire entamée fin 2012  a conduit à animer des groupes d’usagers de différentes structures partenaires : deux groupes de Lire et Ecrire, un groupe du service d’insertion du CPAS, un groupe de patients de la maison médicale rencontrant des problèmes d’alcoolisme ou de dépendance, un groupe de femmes d’origine immigrée, et un groupe de la régie de quartier.

Pour l’animation de ces moments de parole, nous avons conçu, développé et mis en œuvre une méthode spécifique inspirée d’un outil pédagogique de Cultures et Santé ("La santé, c'est aussi...") en collaboration avec le Centre Local de Promotion de la Santé du Brabant wallon et la maison médicale Espace santé.

Cette méthode se décline en deux temps de rencontres avec les groupes :

• Dans la première partie de la première séance, chaque participant est invité à s’exprimer sur ce qui est important pour son bien-être, pour sa santé, à partir de plusieurs photos qu’il a choisies. Pendant ce temps, un animateur note les idées clés sur des post-its qu’il rend ensuite à la personne qui s’est exprimée. Dans un second temps, chacun vient poser ses post-its en lien avec ceux qui sont déjà collés. Un schéma est ainsi élaboré collectivement selon les catégories des participants.

   

  En regard du tableau élaboré ensemble, le principe des déterminants en santé est présenté aux participants.

   

  Enfin, pour clôturer la première séance, chacun indique les aspects sur lesquels il a envie de travailler, ou qu’il aimerait qu’ils soient plus présents dans sa vie.

• La seconde séance reprend sur base de la production de la première, en essayant de préciser ce que les participants estiment important de dire, de faire ou de mieux comprendre,… et surtout avec qui : avec les proches, les amis, les services et associations, la commune ou a société en général ?...  Le travail se poursuit alors en sous-groupes pour choisir des priorités et élaborer ensemble des propositions à présenter au grand groupe.

2. Rencontres individuelles d’habitants dans le quartier de la Chapelle-aux-Sabots et du Biéreau autour des questions santé et bien-être.

Ces rencontres individuelles visent à nouer des liens avec des personnes plus distantes des institutions, moins prêtes à participer à une démarche collective de type groupes de parole.

Les premiers contacts sont pris par les différents partenaires travaillant sur ces quartiers, et chaque rencontre d'habitant a lieu avec deux intervenants, afin de permettre une écoute active et une prise de notes.

Ces rencontres suivent le même type de méthodologie que les rencontres de groupes.

3.Formation continue en inégalités sociales et santé à destination des professionnels.

Ces moments d’analyse, d’évaluation et de pilotage entre intervenants professionnels partenaires sont réguliers depuis le début du diagnostic. Aujourd'hui, cette démarche formative s'ouvre à d’autres intervenants au-travers de temps de rencontres autour des inégalités sociales de santé, de l'empowerment...

Moyens

Différents types de ressources soutiennent le projet :

1. Les ressources humaines :

La diversité de notre réseau de partenaires (santé, intégration, insertion socio-professionnelle, aide à la jeunesse, petite enfance, environnement, …) nous permet d’avoir une approche globale qui prend en compte l’ensemble des déterminants et permet d’envisager une action sur ceux-ci.

• Coordination, soutien à la structuration des projets collectifs, administration : Cellule de développement communautaire.

• Pilotage des démarches participatives et pédagogiques : Cellule de développement communautaire, Centre local pour la promotion de la santé en Brabant wallon, Espace santé.

• Animation des groupes de paroles, évaluation et analyse en groupe (professionnels) : Lire et Ecrire, Régie des Quartiers, CPAS SIS, Génération Espoir, Espace santé, Cellule de développement communautaire et Centre local pour la promotion de la santé en Brabant wallon.

• Animation rencontres individuelles, évaluation et analyse en groupe (professionnels) : Régie des Quartiers, Génération Espoir, Service de Prévention, La Chaloupe AMO, CRIBW, ONE, Notre Maison, Cellule de développement communautaire et Centre local pour la promotion de la santé en Brabant wallon.

2. Les infrastructures disponibles:

• Locaux communautaires accessibles dans la plupart des quartiers de logements sociaux.

3. Les canaux d’information :

• Echo des Cités (feuillet d’information mensuel distribué en toutes boites dans les quartiers de logements sociaux : 2000 exemplaires), bulletin communal et site Internet communal, presse locale, et canaux d’information des partenaires.

4. Les financements :

• Le soutien financier accordé par la Ministre de la santé depuis 2011 (ISS) a permis d’engager une personne qui a pris en charge, dans les premiers développements du projet en lien aux inégalités sociales de santé, le volet animation et découvertes de nouvelles pratiques (activités culinaires, potagers, balades, vélo, …).

• Depuis le début des actions communautaires en santé, divers financements complémentaires (FRB, RW, Province, Loterie nationale,…) ont permis l’installation de potagers, de l’atelier vélo, de bacs de culture,…

Evaluation et enseignements

Une meilleure compréhension de la problématique des inégalités en santé par les intervenants est un élément clé du processus. A ce jour, près d'une vingtaine de structures partenaires ont participé aux moments d'analyse, de réflexions et d'échanges proposés dans le cadre du diagnostic en santé.

Le diagnostic communautaire ne se focalise pas uniquement sur l’analyse des problèmes inhérents à une situation. Il tente également de repérer les potentialités de changement qu’elle recèle et sur lesquelles il est possible de s’appuyer pour générer un processus de développement. La méthode permet d'identifier plusieurs aspects déterminants pour le bien-être des personnes rencontrées et sur lesquels il est envisageable d'influer individuellement, collectivement, ou politiquement. A ce stade, il nous importe de vérifier en quoi les cinquante personnes rencontrées améliorent leur bien être en fonction, si les intervenants sociaux avec lesquels ces personnes sont en relation sont outillés pour les soutenir dans une telle démarche. Il y aura lieu également de préciser ce qui nécessite d'être relayé aux services sociaux et aux élus en vue d'améliorer le bien être des publics rencontrés.

Perspectives envisagées

Aujourd'hui (janvier 2014), plusieurs groupes ont été rencontrés; il est probable que ces rencontres vont s'inscrire plus durablement dans le travail de la cellule de développement communautaire, au travers de la rencontre d'autres groupes.

Les rencontres individuelles vont débuter, et les moments formatifs entre professionnels sont en cours.